dimanche 14 janvier 2024

9 souvenirs de ce que j'ai lu, vu, entendu en 2023

9 souvenirs de 2023

Comme l'année passée, je vais vous parler des œuvres ou passages qui m'ont plu à travers des livres, des scènes, des moments particuliers découverts pendant cette année 2023, des pistes de musique parfois, plutôt que d'établir un simple top. Cette année, beaucoup de livres, car j'ai eu une année de lectures riche en bonnes surprises.

 

Affiche Le Traitre Marco Bellochio
 

Non ! Non ! Non ! Non ! Non ! (le Traître, Marco Bellochio)

Scène de procès pour la mafia italienne : les mafiosos s'invectivent à coup d'insultes et de remarques sous les yeux médusés des juges. L'un d'eux n'en peut plus, ne cesse de frapper avec son marteau en lançant : NON ! NON ! NON ! NON ! Symbole de ces procès qui sont un bordel sans nom.

Le Traître reste un film de mafieux qui en reprend les codes. Mais cette fois à l'Italienne, avec tous les excès et le regard ironique qui va avec. L'histoire improbable et vrai d'un membre de Cosa Nostra forcé de se repentir, qui enverra 360 copains en prison (et fera presque de la dénonciation son métier). Ça commence comme le Parrain, ça continue en film de torture au Brésil, puis ça bascule en film de procès avec fin façon film US. C'est cette dernière partie qui est à la fois prenante, drôle et révélatrice de tout un système bien huilé.

Les acteurs sont très bons et le film pose de bonnes questions, pas seulement les traditionnelles sur la pseudo honneur des mafieux derrière laquelle tout le monde se cache, mais aussi sur le fonctionnement d'un système aussi ancré dans un pays qui prétend vouloir s'en débarrasser, mais n'y parvient pas, transformant l'ensemble en guerre ouverte qui broie des familles.  


Couverture il y a tres longtemps Paul Hirsch


Georges, je suis...ton monteur ! (Il y a très longtemps, dans une salle de montage lointaine, très lointaine..., Paul Hirsch)

Une biographie d'un monteur de cinéma, ça ne s'invente pas ! J'ai plaisir à lire des livres sur le 7e art et celui-là est particulièrement riche en contenu. Il suit chronologiquement les films que l'auteur a monté, un à un, avec des films très connus (des De Palma dont Mission Impossible ou Mission to Mars, Footlose, Ferris Bueller, Chute Libre, Ray ou Warcraft etc) et d'autres forcément plus anecdotiques, voir des bides (l'horrible Pluto Nash).

C'est une mine d'anecdotes sur le Hollywood des années 75 à 2010, des cercles qui l'ont animé, des oppositions aussi. Hirsch a notamment tourné autour de la bande à Francis Ford Coppola et, via De Palma, autour du trio qu'il formait avec Georges Lucas et Steven Spielberg. Il y a de larges passages sur Star Wars, qui sont très intéressants pour comprendre les difficultés du projet d'origine. Hirsch est arrivé sur Un Nouvel Espoir via Marcia Lucas, qui a dû partir monter Taxi Driver car Martin Scorsese était dans la dèche. On voit toute la pression qu'a subi Georges Lucas, combien ILM était un pari, avec la bataille finale qui était une torture à monter. Surtout, il y a une anecdote étonnante sur Lucas, formé au montage à l'université, qui a dit à Hirsch : je n'écris que pour tourner, mais je ne tourne que pour monter. Ça éclaire d'une certaine façon, je trouve, la prélogie qui suivra.

Sur L'Empire Contre-Attaque, Hirsch met surtout en avant Lucas super producteur, qui éclipse clairement Kurtz (toujours le vieux débat de savoir qui a la paternité du film). Et pourtant Hirsch n'est pas tendre avec Lucas, qui débarquait en Angleterre furax de l'avancement trop lente des séquences et qui charcutait régulièrement son travail pour reprendre la main (on peut se douter que c'était pareil sur le tournage).

Je vous le conseille si vous aimez le cinéma de cette période !

 


Bienvenue sur The Rock (The Rock, de Hans Zimmer, Nick Glennie-Smith)

The Rock a fait partie de mes premiers coups de cœur de béophile : la partition épique et enlevée de l'équipe constituée autour d'Hans Zimmer m'a toujours passionné. J'ai eu l'occasion de m'y replonger cet automne, avec la sortie d'un double CD qui reprend l'intégral des musiques du film.  Dit film qui appartient tout à fait au genre blockbuster bourrin des 90's (avec son combo Bay/Bruckheimer aux commandes). La musique suit ce chemin au gré des thèmes, de l'iconique introduction (Hummel gets the rockets et sa marche) aux pistes d'action enlevées et gavées de petits motifs, à l'image de ce Haircut/Escape : the Chase qui illustre l'évasion de Sean Connery de l'hôtel et sa prise en chasse par Nicolas Cage. C'est réjouissant, bourrin au possible et la nostalgie joue à plein me concernant !

 

Couverture Du thé pour les fantômes de Chris Vuklisevic

 

Une tasse de thé ? (Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic) 

Je partais sans savoir à quoi m'attendre, vu le 4e de couverture. C'est clairement une relecture de contes, je dirai même avec des contes imbriqués qui sont autant de personnages passionnants de cette histoire étonnante.
Tout m'a ravi, notamment la plume poétique de l'autrice, qui ne cesse de jouer sur les formes (poésie, chapitres ultra-courts, changements de points de vue) et qui parvient notamment à créer une ambiance qui vous fait habiter Nice quelques pages. Mais il y a bien d'autres qualités : des personnages marquants et profonds, cette limite entre conte et fantastique bien menée, cette enquête familiale pleine de surprises et de moments étonnants.
Je ne veux pas trop spoiler, car je trouve que c'est en découvrant le récit sans en savoir trop qu'on pourra l'apprécier pleinement. J'ai notamment été emballé par les scènes en Espagne qui sont très réussies et très visuelles.

Sachez seulement que c'est un excellent roman, bien mené, bien écrit et émouvant. A ne pas rater ! 



Sois mon apôtre (Le Bon Apôtre de Gareth Evans)

Voilà un film étrange : c'est un thriller "horrifique" d'époque, anglais, réalisé par...Gareth Evans (vi vi, le mec des The Raid). Autant dire que le mélange a de quoi interpeler. En 1905, Thomas Richardson se rend sur une île galloise isolée pour sauver sa sœur, Jennifer, qui a été kidnappée et détenue contre rançon par une mystérieuse secte.
Il flotte comme un aspect western pendant la première moitié, le temps de plonger dans cet univers dérangeant avec la secte/les habitudes du village et les traditionnels petits secrets. Le film est assez avare de révélations/d'explications, mais c'est parce que tout est condensé dans la 2nde moitié.

Seconde partie où le réalisateur assume tout : l'univers présenté déraille complètement et il y a là une scène brillante qui lance la machine. Alors que le père d'une jeune fille découvre qu'elle est enceinte d'un garçon de la communauté, il va complètement perdre les pédales. La scène est violente, ça frappe fort et la conclusion est très dérangeante. Une séquence extrêmement prenante.
En y réfléchissant, il y a sans doute quelques trous, mais le principal est là et je ne m'attendais pas à ce que ce soit géré comme ça. J'ai passé un chouette moment devant ce film que j'ai découvert par hasard.  


Mers mortes Aurélie Wellenstein Scrinéo

 Sur des mers qu'il vaut mieux ignorer (Mers Mortes de Aurélie Wellenstein)

Mers Mortes est un roman très accrocheur, avec une plume prenante, un univers original et des personnages bien construits. L'amour/haine entre Oural et Bengale est le moteur du récit, mais il ne se limite pas à ce duo : l'équipage des pirates est intéressant et les visions post-apo apportent leur lot de persos dérangés/dérangeants (jusqu'à ce dauphin fantôme tueur mignon).
L'histoire générale est très intéressante par ses thématiques écologiques (que l'on va dire très actuelles, vu les sécheresses et la surpêche) comme par sa quête, aussi classique qu'efficace.
Quelques images décrites restent longtemps en mémoire. L'autrice a vraiment un talent pour ça, du navire naviguant sur les mers mortes aux affrontements magiques, il y a un bel ensemble de scènes marquantes. Ce sont ces peintures apocalyptiques qui valent vraiment le détour, tant cela est cinématographique. 


Affiche Trois Mousquetaires Milady

Je suis roi et ça ne m'empêche pas d'être fun (D'Artagnan et Milady de Martin Bourboulon)

La duologie a le mérite de relancer un genre quasi-délaissé en France depuis des années. Malgré de gros défauts, ils font très Dumas finalement, enchainant les voyages, les péripéties, les petites intrigues comme je l'ai déjà expliqué dans un autre article. Les acteurs s'en sortent bien, mention à Louis Garrel très drôle et joueur en Roi de France. Il vole toutes les scènes où il est présent pour notre plus grand plaisir.

Ma petite frustration vient du fait que ce n'est "que" bien. On sent le potentiel derrière, le talent souvent, mais j'ai trouvé les film étonnement peu rythmés. Il ne sont jamais aussi dynamique que quand D'Artagnan arrive à Paris jusqu'à la scène d'affrontement avec les gardes rouges, énorme morceau de bravoure. J'ai trouvé cette scène de combat bien mieux réalisée que les autres et c'est dommage qu'elle arrive trop tôt. Le second film souffre un peu plus encore de ces défauts, malgré une photographie bien plus claire et quelques passages sympathiques. 



A la poursuite de Confluence (Confluence tome 1, Sylvie Poulain)

Ce premier tome est une très belle réussite, avec un univers qui change (post-apocalyptique sous-marin), ce qui donne une ambiance réussie. Entre les fonds marins majestueux et dangereux, l'univers oppressant des sous-marins ou les stations suintantes de pression, il y a de quoi faire !
Les personnages sont très bien écrits (ils sont bien plus nombreux que le duo que laisse supposer le synopsis), l'action bien menée et le récit ménage de vraies surprises. Avec un rythme trépidant dans le premier tiers, le roman trouve son rythme de croisière par la suite. Jusqu'à sa conclusion qui boucle une partie des intrigues, il m'a embarqué et je le l'ai lu très vite.
La confluence du titre est simple, mais bien utilisée. Ce n'est toutefois pas le principal intérêt de ce premier tome. Car cette ambiance si particulière est magnifiée dès la scène d'ouverture, où le lecteur se retrouve immergé en pleine bataille sous-marine, avec toute l'angoisse, l'étrangeté et l'urgence que l'on peut imaginer. Sylvie Poulain signe une excellente lecture, dont j'ai hâte de découvrir la suite !


Couverture Heat 2 Michael Mann Meg Gardiner

Fusillade sur l'autoroute (Heat 2 de Michael Mann et Meg Gardiner)

Ceux qui passent régulièrement par là connaissent mon amour pour le cinéaste Michael Mann (voir ici par exemple). Alors, quand le réalisateur s'attaque au roman policier, qui plus est pour signer la suite d'un de mes films préférés, je ne pouvais que me jeter dessus.

Et l'on retrouve dans ce roman toutes les qualités du style Mann, avec ses personnages experts et torturés, son ambiance très travaillée et un sens du rythme toujours très présent. Le récit rappellera d'autres films du réalisateur, notamment Miami Vice ou Hacker, tout en creusant les personnages du film original, particulièrement Chris Shiherlis (Val Kilmer) et Vincent Hanna (Al Pacino).

Ce dernier est très fidèle à l'original avec sa gouaille ironique et cette énergie de fauve qui ne cesse de le pousser à avancer. Tout se combine pour se finir bien entendu dans une grosse fusillade, en pleine autoroute, qui représente un beau morceau de bravoure. J'ai pris beaucoup de plaisir à voir de mes passions s'entrechoquer !  


Et vous, que retiendrez-vous pour 2023 ?

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