jeudi 11 mai 2023

La nostalgie en série


 

 

Depuis quelques années, les séries suivent les parcours des films : les reboots, suites ou prolongements sont légions, avec des réussites très diverses. Elles en appellent alors au bon souvenir et à l'aura qu'à laisser la série dans l'inconscient.

Car ce n’est pas tout de plonger les fans dans la nostalgie, il faut aussi réussir à en attirer de nouveaux. Voilà un exercice difficile au milieu d’une offre pléthorique, où une série ne reste à l'affiche que le temps du buzz immédiat qu’elle génère (ou non) lors de son arrivée sur les écrans.

 

Cette nostalgie est commode économiquement : les producteurs parient sur des marques, des valeurs sûres. Elle a aussi un petit côté doudou pour le spectateur, un peu à double tranchant. Je vais citer un exemple personnel pour l’illustrer. J’aimais beaucoup les productions de Chris Carter dans les années 90, de X-Files à, un peu plus tard, Millenium. Le retour de Mulder et Scully en 2016 m’avait donc intrigué, d’autant plus dans un format court de moins d’épisodes où Carter allait pouvoir délaisser l’aspect complot. Quelle déception ce fut à l’écran ! À l’exception d’un ou deux épisodes, j’ai trouvé l’ensemble ennuyeux et creux alors que je peux me refaire un épisode original quand j’en ai envie. L’alchimie est passée. J’aurai préféré que cette résurrection reste au placard. Heureusement, cela n'a rien gâché de mes bons souvenirs...

À l’inverse, j’ai découvert Battlestar Galactica avec son reboot de 2005. Je n’ai jamais pu regarder un épisode de l’original en entier, je n’en garde que de brefs souvenirs entrevus lors des multiples rediffusions sur les chaines allemandes lorsque je zappais. Mais la version de Ron D. Moore est un souvenir marquant, très puissant, qui m'a indéniablement capté (et inspiré). Je ne raterai pas un éventuel prolongement.

 

En prenant du recul, j’ai du mal à donner un jugement définitif sur ce phénomène de revisite d’univers familiers en série. Au cinéma, j’ai le sentiment que c’est un phénomène plus naturel, plus répandu. Cela reste à mes yeux une part intégrante du process de création, tant qu’il ne se généralise pas.

Paradoxalement, je suis un grand amateur de Doctor Who et c’est l’archétype de la série qui reboot sans cesse : à chaque changement d’incarnation majeure du personnage principal s’associe une rupture de ton, de narration, mais aussi un changement d’équipe technique (scénaristes, réalisateurs) tout en continuant à évoluer dans un cadre commun et connu des fans.

À vrai dire, ce sont les dernières nouvelles sur Doctor Who qui m’ont poussé à écrire cet article. Je viens de réaliser avec émotion que l’équipe qui sera aux commandes de la série pour les 3 prochains épisodes occupait les mêmes places dans la saison 4 en 2008 : même showrunner, mêmes acteurs principaux, mêmes producteurs et réalisateur, même compositeur de la musique. Je vous avais déjà parlé de ma tristesse au moment de voir partir Murray Gold en 2017, tant il était garant d’une partie de ce que j’aimais dans la série. A mes yeux, c’est un rêve qui se réalise, toucher du doigt la possibilité de retrouver ma période préférée de la série.

Mais est-ce vraiment sain ? 15 ans ont passé. J’ai changé. Le scénariste Russell T. Davies aussi. Je ne retrouverai jamais le même engouement, c’est normal. Mais la promesse est si forte, l’ambition si belle, que je nourris déjà de grosses attentes. Réponse en novembre prochain !

 

Reste que la vague des reboots /fausses suites ne devrait pas s’arrêter là parmi les séries que j’aime : il se murmure depuis plusieurs mois que Babylon 5 pourrait être revisitée alors qu'un film d'animation va être produit ; un film/reboot de Battlestar Galactica est en chantier depuis des années ; Harry Potter va devenir une série pour Warner ; je ne peux pas croire qu’Amazon laissera tranquille la franchise Stargate après l’achat de la MGM… 

Attendez-vous à voir encore quelques articles de ma part sur le sujet.

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