Quand j'ai commencé à travailler cet univers, je l'ai regardé d'abord par le prisme militaire. J'ai toujours nourri une passion pour les combats spatiaux, le space op' flamboyant, et en cela, je garde un souvenir particulièrement ému de deux scènes tirées de Star Wars : l'attaque de la première Etoile Noire par Luke Skywalker et les rebelles, et le piège dans lequel se jette la flotte rebelle en orbite d'Endor. La musique héroïque, le sacrifice total de ces hommes, l'esthétique tout en mouvement, il existe une dichotomie entre la gravité des évènements et l'aspect hyper-divertissant de ces séquences là. Les frissons provoqués par ces deux scènes m'ont toujours poussé à m'y intéresser de plus près dans mes écrits.
Concept de la bataille d'Endor par Ralph McQuarrie
Après avoir travaillé sur deux fanfictions dans cet univers, quand j'ai décidé de me lancer dans le TdT, la guerre spatiale devait être présente. J'ai lu beaucoup des récits militaristes SF, de Etoiles, Garde à vous ! de R. Heinlein au Vieil homme et la guerre de J. Scalzi. J'y ai vu ce que je voulais faire (la thématique de l'homme face à la guerre, les conflits galactiques etc...) et les évocations guerrières de cycle tels que Fondation d'Isaac Asimov m'ont montré aussi qu'il ne fallait pas tout raconter, pas tout évoquer, car ce n'était pas nécessaire pour griser le lecteur.
J'ai aussi vu ce que je ne voulais pas faire : Honor Harrington (David Weber) a bien des qualités, c'est une série à la lecture agréable et aux intrigues prenantes par leur rythme, mais je ne me retrouve pas dans la glorification continue des militaires et plus particulièrement d'un super-génie-qui-est-plus-brillant-que-les-autres.
Ces armes en main, j'ai donc écrit, écrit sur des militaires, écrit des combats de chasse, de vaisseaux lourds, ou de fantassins. Je me suis rattaché à l'esthétique et au rythme de séries récentes, plus particulièrement Battlestar Galactica pour cette dichotomie dont je parlais plus haut, mais aussi Legend of Galactic Heroes qui montre les hommes et les femmes cachés à l'intérieur de ces gigantesques vaisseaux.
Ainsi est né le premier jet du tome 1, mélange de ces influences et de ce que je voulais y mettre aussi : la vie à bord de vaisseaux assimilée chez moi à la vie à bord de sous-marins, le poids du devoir, le courage face aux évènements exceptionnels et l'action soutenue qui y est lié, mais aussi et surtout la nuance, la nuance, la nuance. Tout guerrier, même un héros, ne peut être unidimensionnel. Cette simplicité, j'ai de plus en plus de mal à l'accepter quand je la lis, je ne peux le reproduire à mon tour.
Et puis le tome 1 a reposé dans son coin, en attendant que l'univers s'affine, que mes personnages continuent à vivre (ou non). A sa ressortie des cartons, pour la fameuse relecture qui n'en finit plus de se prolonger, j'ai constaté que ce seul aspect ne suffisait plus à présenter l'univers, à en faire une base solide. La guerre n'est donc plus le seul axe du récit, mais l'un des multiples points de vue qui va crescendo dans ce premier volet, et plus encore dans les suivants.
Je retravaille ces passages en profondeur mais c'est sans doute l'héritage du premier jet qui aura, de loin, le moins changé. Depuis quelques années, mes goûts ont peut-être évolué mais je garde une passion pour ce domaine là.
D'abord parce que d'un point de vue récit, cela me permet d'alterner à toute vitesse les points de vue, de mettre du rythme, et de développer en situation une galerie fixe de personnages.
Ensuite, d'un point de vue technique, il faut atteindre une certaine simplicité dans le style afin de rendre cela peu lourd ou lent, ce qui ne veut pas dire non plus tomber dans le simplisme.
Enfin j'ai toujours attaché beaucoup d’intérêt à faire dans la référence, et ce secteur là est riche en possibilités.
On pourrait résumer ainsi mon approche de la guerre dans l'espace : du drame doit naître l'action dans un style simple et fluide, pour poser les personnages face à des responsabilités énormes qui vont pousser le lecteur à découvrir qui ils sont vraiment. A moi de concrétiser par écrit cette conception qui ne révolutionne pas le genre mais qui en fait un récit que j'aimerai lire.
Ce qui en fait, par ailleurs, un récit que d'autres aimeraient lire - hint hint ^^ Toutefois, concernant la critique de l'archétype du génie-plus-brillant-que-tout-le-monde, pour un fan de Thrawn, n'y a-t'il pas paradoxe ?
RépondreSupprimerLa multitude de persos, en haut et en bas de l'échelle, montrés dans leur quotidien dans ton univers, est à mon sens l'un des gros points forts. Le fait que tu aies considérablement étendu certaines intrigues dans le civil est d'autant plus prometteur !
Question par rapport aux inspirations que tu cites : En quelle mesure certaines de ces grosses inspirations ont-elles influencé la relecture/réécriture plutôt que le premier jet lui-même ? Quelles furent celles qui ont plutôt été les inspirations d'origine, lesquelles ont été plus tardives et quel fut l'impact de ces-dernières sur le texte ?