mercredi 23 février 2011

Source d'inspiration : Doctor Who




All the strange, strange creatures...

Doctor Who est une série anglaise produite par la BBC. Le Docteur, un Seigneur du Temps, parcourt le temps et l'espace à bord d'une machine à voyage dans le temps appelé TARDIS, qui est en fait une cabine téléphonique typiquement english. Aidé de diverses compagnes, il va affronter ses plus grands ennemis, des Cybermens aux Slitheens en passant par les Daleks.
Le Docteur porte un fardeau sur ses épaules : pour mettre fin à la Guerre du Temps qui menaçait de détruire toute vie dans l'univers, il a été obligé de génocider son propre peuple. Il est le dernier Seigneur du Temps en vie.

La série a débuté sa production en 1963 et compte aujourd'hui plus de 670 épisodes. Arrêté plusieurs années dans les 90's, Doctor Who est revenu sur la BBC en 2006 sous les traits de Christopher Eccleston, le neuvième docteur d'une longue série. Il a été remplacé à la fin de la saison "1" par David Tennant qui est resté jusqu'en 2009. Aujourd'hui, c'est Matt Smith qui incarne le Docteur. La sixième saison new look arrive.
Les scénaristes ont inventé un procédé scénaristique tout simple pour expliquer les changements d'acteur : quand le Docteur se meurt, il peut se régénérer mais devient alors quelqu'un d'autre.


La série se positionne clairement dans le domaine de la science fiction, avec des scénarios qui mêlent un kitsch voulu et de profonds questionnements digne des meilleurs auteurs du genre (la mort, le pouvoir, le rêve, l'amour, l'Histoire sont autant de points abordés chaque saison et volontiers creusés par de courts arcs de deux épisodes).

Surtout, ce qui me touche avec cette série, c'est son énergie. Le Docteur croit en l'espèce humaine, il la protège, l'aide, la chérie car il juge qu'il y a de bonnes choses en elle. Voilà un personnage positif qui n'est pas fade. Cette foi en l'humanité, ce positivisme exacerbé sont clairement à part dans le paysage télévisuel SF plein de personnages sombres et tragiques (ce que le Docteur peut être aussi dans les moments graves, mais ce n'est clairement pas son caractère dominant). Et il y a un sens de la narration qui structure chaque épisode et qui me fait mon bonheur, c'est un sens indéniable de la rupture. Quand Russell T. Davies a repris la série en 2006, il a construit ses scénarios sur deux concepts : une idée de SF à triturer, et un élément déclencheur.
Qu'est-ce que j'entends par là ?
Eh bien on sait que l'épisode peut partir sur un rythme ultra soutenu en un mot, un seul, qui symbolise le Docteur : Run. Quand il se met à courir (car le Docteur ne se bat jamais, et sûrement pas avec des armes), l'épisode part vers sa résolution, c'est le climax que tout le monde attend et que le scénariste prend plaisir à nous livrer. La série développe, dans ces moments, une énergie incomparable qui met le spectateur forcément de bonne humeur, quelque chose de diablement rythmé et que je n'ai retrouvé dans aucune série que j'ai vu à ce jour.




Dans les quatre premières saisons menées par Russell T. Davies (4 fois 13 épisodes plus 7 TV Films), on trouve quelques perles qui jalonnent une série qui n'a cessé de s'enrichir alors que les comédies, tous parfaits, portent chaque histoire avec un talent remarquable :
D'abord Dalek (Saison 1 Episode 6) qui réinvente les meilleurs ennemis du Docteur, la race responsable de la Guerre du Temps. Difficile de nous vendre ces R2D2 du côté obscur, immatures et cruels, qui passent leur temps à crier "EXTERMINATE", et pourtant l'équipe de Davies va réussir à donner une étrange humanité à ces créatures qui vont devenir, comme de nécessaire, la nemesis ultime du personnage. Cet épisode touchant, un peu à part dans le rythme effréné dans la saison 1, surprend autant qu'il fait attendre la suite de la confrontation.
Ensuite The Girl in the Fireplace (Saison 2 Episode 4) qui projette le Docteur et sa compagne Rose Tyler à l'époque de Madame de Pompadour. L'épisode est "historique" dans le sens où il y a une forte tradition, depuis 1963, que Doctor Who emmène ses spectateurs à la découverte de l'Histoire du monde comme une série pédagogique (c'était d'ailleurs dans ce but que la série avait été crée). Après Charles Dickens dans la première saison, c'est cette fois la Pompadour qui est à l'honneur. L'épisode, tragique et mélancolique, repose sur une véritable histoire de SF : un vaisseau du 51e siècle capable de créer des vortex temporels a décidé d'organiser la mort de Mme de Pompadour à l'aide de ses robots de bord. Le Docteur va tenter d'empêcher la mort de la favorite de Louis XV et découvrir pourquoi le vaisseau veut cette disparition. Classieux comme souvent, David Tennant porte cet épisode à bout de bras et génère une émotion très positive qui laisse rêveur à la fin de l'épisode.
Nous avons également  le diptyque The Sound of Drums/Last of the Time Lords (Saison 3 Épisodes 12-13) où le Docteur découvre qu'un de ses congénères, le Maître (incroyable John Simm) a survécu et entend s'emparer de la Terre pour en faire une machine de guerre qui lui servira à asservir l'univers. L'opposition Simm/Tennant est le grand intérêt de ce double épisode qui, non content de résoudre le fil rouge de toute la saison 3, offre une belle image sur le fait qu'il faut croire en les belles histoires et les légendes pour qu'elles se réalisent.
On pourrait citer bien d'autres épisodes, de ces saisons comme de la saison 4 (excellent récit de science fiction que le diptyque Silence in the Library/Forest of the Dead saison 4 Épisodes 8 et 9) ou les TVFilms qui sont souvent un condensé de Doctor Who.




Le double épisode Doctor Who : The End of Time a été diffusé à Noël 2009. Grand feu d'artifice pour ce double épisode de Noël/Nouvel An qui scelle les adieux de David Tennant, Russell Davies et d'autres (on change de producteurs etc...) au Docteur, ce personnage si prisé des anglais qui refait son trou depuis 2005.
Si j'ai beaucoup aimé Eccleston dans ce rôle, Tennant a su lui apporter une profondeur et ce côté clown triste grâce à un jeu débordant d'énergie. Le voir partir est pour moi une immense perte tant je me faisais une joie de retrouver sa bonne humeur à chaque fois.

Que nous ont-ils réservé pour ce final ? Le Maître et les Seigneurs du Temps, rien que ça. Le premier épisode de ce diptyque, un peu léger, aura surtout permis un John Simm show dans le rôle du Maître, dominé par l'excellente scène de face à face entre le Docteur et lui.
Autre scène marquante, l'aveu d'impuissance et de tristesse du Doc' alors que sa chanson arrive à sa fin, lorsqu'il est dans le bar avec Wilf.

Le deuxième, à la croisée des chemins entre l'esprit Who et les idées de Star Wars, offre d'excellents moments de comédies (cette fuite insensée, "Worst Rescue Ever"), d'action (Star wars sur Terre !, le Maître qui se prend pour Palpatine), de tragédie (l'intense moment de doute et de suspense sur ce que va faire le Doc avec son arme : Tuer le Maître ou Tuer le Lord Président ?), le tout saupoudré par des acteurs absolument merveilleux (Timothy Dalton en guest de luxe et le vieux qui jouent Wilf sont excellents également). 








Bien sûr, on ne pouvait en rester là et c'est un regard nostalgique que le duo Davies/Tennant jette sur ces 4 dernières années, avec Martha, Jack et les autres... Juste la petite déception de voir Donna finir de manière aussi simple... elle aurait mérité un meilleur destin. A partir du moment où le Ood apparait, on sait que c'est la fin et c'est difficile à accepter... tant sa récompense, celle de revoir ceux qu'ils aiment pour la dernière fois, sonne comme l'aveu que l'on va tirer un trait sur énormément de choses dans la saison 5. Néanmoins, Tennant nous offre d'ultimes excellents moments et c'est bien là l'essentiel. 

Un mot, à ce stade, sur un élément qui contribue à la qualité de Doctor Who depuis sa reprise : la musique signée Murray Gold. Malgré l'aspect parfois fauché de l'ensemble, Gold apporte beaucoup au dynamisme et à l'énergie positive qui émane de la série. Ses compositions, dont il y a quelques exemples dans les liens qui suivent, donnent un petit côté over the top à chaque scène qu'elles illustrent. Dans le tragique comme dans l'action, il fait également du show quelque chose d'à part.
Voilà quelques extraits pour s'en convaincre :





Ensuite est arrivé un nouveau scénariste en chef (showrunner) en la personne de Steven Moffat, auteur de quelques excellents épisodes du Docteur depuis 2006. Il arrive avec son Docteur, Matt Smith, onzième incarnation à l'écran du Seigneur du Temps.


J'ai eu du mal à m'y faire car j'étais très attaché à David Tennant que j'ai suivi pendant près de trois ans. A la vision du premier épisode, j'ai été rassuré par Smith, mais... c'est plutôt le showrunner qui m'a eu l'air à la peine. Mon problème, c'est que si Moffat a des idées, ça manque de corps, de vibration, de sens tragique et épique. C'est malin, sombre, mais... je sais pas, je n'arrive pas à être totalement convaincu, à jubiler comme à la sortie de certains des épisodes précédents.
Pour autant, il y a quand même de grands moments : le double épisode The Hungry Earth/Cold Blood par exemple (Saison 5 Épisodes 08 et 09). C'est quand même un concentré de références S-F (française en plus) assez prodigieux, avec une structure proche de la Nuit des Temps de Barjavel qu'on retrouve jusque dans la narration a posteriori du chef des siluriens. C'est affreusement tragique, prodigieusement triste (ce final !) et le Docteur est cette fois dans l'échec quand il tente quelque chose. Smith y est toujours très convaincant et on retrouve cette foi en l'Humanité qui caractérise si bien le Doc. Plus il avance, plus il me fait penser à Heath Ledger dans son jeu... impressionnant !  
Vincent and the Doctor est un des épisodes les plus émouvants des cinq saisons, et peut-être le plus réussi des épisodes "pédagogiques" avec celui sur Dickens et la Pompadour. Le dernier tiers est touchant de retenu et de respect pour Van Gogh. Tony Curran est brillant en guest de choix, encore une fois, aux côtés de Bill Nighy.
Moffat a d'excellentes idées et développe une mythologie très différente pour le Docteur : il l'élève au rang d'histoire pour enfant, de conte qui se termine et qu'on oublie en grandissant. Cette thématique qui jalonne la saison 5 est très réussie. Dommage que l'épisode 13 soit un gros ratage qui flingue le climax. C'est horriblement plat et sur-joué, j'ai pourtant d'habitude peu de commentaires à faire de ce côté là. On a l'impression d'un soufflet de gâteau qui retombe malgré les promesses qui structuraient assez solidement les douze premiers épisodes. Dommage.

Comme je l'ai indiqué en titre, Doctor Who est une source d'inspiration et ce pour diverses raisons. D'abord car les sujets de science fiction abordés sont très riches, entre le space opera et les idées de départ que les scénaristes n'hésitent pas à triturer lors d'un épisode : voyage temporel, civilisations et mondes imaginaires, ambiance particulière et très soignée qu'il m'arrive, je pense, de retranscrire à l'occasion - par exemple, la ville de New New York et son embouteillage sans fin dans Gridlock (Saison 3 Episode 3).  
Ensuite, je pense qu'il est important de continuer à développer des héros positifs comme le Docteur. Je ne vais pas dire que je décris des personnages ultra-positifs dans mes textes, mais je me laisse de plus en plus influencer par la croyance en l'humanité et en ce qu'elle a de meilleur. Ce volet positiviste a de plus en plus de poids dans ce que j'écris.
Enfin, je trouve que la série met bien en avant ces personnages féminins qui sont intelligentes, bien construits, avec une intrigue qui tourne autour d'elles que ce soit pour Rose, Donna, Martha, ou plus récemment Amy. J'essaye de m'en inspirer pour ce que j'écris, tout en essayant de m'écarter de la source d'inspiration pour donner ma propre interprétation (ce qui n'est pas évident). 


En Angleterre, la diffusion est actuellement arrêtée, en attente de la sixième saison après le TVFilm de Noël A Christmas Carol basé sur le récit de Charles Dickens. En France, la série est diffusée sur France 4.




 
 Pour en savoir plus :
Doctor-Who.fr
Le site officiel de la BBC

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