jeudi 18 juillet 2024

Roar! de Michael Giacchino (2007)

14 eme épisode de #Ma BO cette semaine

Cloverfield a étonné à sa sortie car il avait une approche réaliste du film de monstre. Il ne pouvait pas se permettre le luxe d’une bande originale complète – car c’est bien connu, dans la réalité, vous n’entendez pas de musique quand vous êtes poursuivis par un monstre. Comment ça, c’est pas réaliste d’être poursuivi par un monstre ?

Toujours est-il que J.J. Abrams a appelé son compositeur favori, Michael Giacchino, pour composer le end title de Cloverfield dont il assurait la production. On entend cette longue piste pendant environ neuf minutes tout le long du générique. Giacchino et Abrams ont un long passé de collaboration en commun, depuis la série TV Alias jusqu'aux films Star Trek. Et pour l'occasion, le compositeur à l'occasion d'offrir un morceau symphonique et très référencé.

 


En effet, l’ouverture du morceau – intitulé Roar ! - prend tout de suite un ton très martial qui n’est pas sans rappeler les thèmes consacrés aux Allemands dans la série de jeux vidéos Medal of Honor. Cette approche massive, où les cuivres soutiennent les cordes, avait déjà été très largement utilisée par David Arnold sur Godzilla (pour rester dans le genre du film de monstres) mais aussi et surtout des musiques pour les Godzilla de Akira Ifukube avec l’omniprésence des cuivres. Le motif développé par Giacchino est repris en boucle pendant près de deux minutes, et restera très présent tout au long de la piste par quelques évocations discrètes plus loin.
Il est à noter également que Giacchino introduit dès les premières minutes une soliste féminine qui réussit une superbe prestation vocale en suivant les mouvements de l’orchestre et en dominant l’effet imposant de l’orchestration. Elle monte très haut dans les aiguës et ne cesse de revenir aux moments les plus puissants.

Au milieu du morceau, la soliste est omniprésente et suit la montée en pression des cordes. Les violons sont particulièrement à leur aise dans de grands mouvements Herrmaniens, puis l’orchestre dans son ensemble permet le développement d’un second motif tout en progression. A ce moment, on sent beaucoup l’ombre du duo Basil Poledouris/Leonard Rosenman – je pense à la trilogie Robocop, dont on connaît les orchestrations très énergiques. Question de référence probablement, mais Poledouris reste une référence pour les thèmes facilement marquants liés à la puissance de l’orchestre. Un motif plus noble, plus dramatique aussi, qui ne tranche pas avec l’effet pompeux du début, loin de là.
Après s’être accordée une courte pause calme et plus intimiste, la piste repart crescendo et vers six minutes trente revient au motif original. Il est cette fois dominé par l’omniprésence des percussions et de la chorale. Le final, marqué par les échanges entre l’orchestre et de la voix féminine très mise en avant, permet une conclusion tout aussi « monstrueuse » dans son approche grandiloquente et majestueuse.

Au final, Giacchino a développé un thème en deux mouvements qui ne ferait pas tâche en thème principal de n’importe quel film de genre. Très connotés, car ils empruntent beaucoup aux orchestrations puissantes, ce sont aussi un renvoi explicite vers les compositions d’Ifukube. On peut également repenser à l’écoute aux vieux films de dinosaures des années 60 ( voir les multiples adaptations du Monde Perdu de Conan Doyle ). Je vous propose le thème de Godzilla pour comparaison :

 



Près de vingt ans plus tard, aucune édition officielle sur un quelconque support n’a eu lieu, malheureusement. Je sais, vous allez me dire que je suis vieux jeu avec mon support physique. Reste que la piste est accessible chez les fournisseurs de musique en ligne et que le compositeur vient d'annoncer que Roar ! serait repris dans une compilation...réenregistrée façon année 50 ! Pour la puissance originale, il faudra repasser, mais pourquoi pas...

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