jeudi 9 février 2023

[Ma BO cette semaine 2] Hellboy de Marco Beltrami (2004)

Avec Hellboy, Guillermo Del Toro signait un nouveau film de super-héros après Blade II, gros bourrinage en règle sur lequel avait déjà officié Marco Beltrami. Les deux hommes se retrouvent en 2004 pour ce film d’action où Beltrami va faire preuve d’une subtilité et d’un talent très...gothique.

 




En effet, le compositeur pose dès les premières pistes une ambiance sombre et mystérieuse dominée par son thème principal, que l’on entend dès les premières notes de  Oct. 7th, 1944, planant grâce aux cordes, capable également d’envolées très maîtrisées à la Elfman sur Meet Hellboy. Même les chœurs s’invitent dans cette production conclue par le Main Title où le thème de Hellboy, sur fond rock/jazzy, progresse inéluctablement comme un bon vieux thème de super-héros mordant et agressif.

C’est là toute la qualité du score, en fait. Filant à toute pompe au cours des pistes, il se construit de manière très astucieuse autour des thèmes et motifs écrits par Beltrami. Prenons par exemple le thème Liz Sherman, aka l'excellent Love theme tragique. Mené par les violons aux grands mouvements, il développe un thème que l’on retient, qui marque, et frappe l’imaginaire de son auteur. On le retrouvera tout au long du score, ces thèmes introduits en début d’album parcourant par fulgurance des pistes malheureusement trop courtes à l’écoute. On le retrouvera notamment sur  Hellboy & Liz, où il est joué tout en retenu avec un style élégiaque qui se conclue sur une superbe envolée finale.

 


Snow Walkers introduit quand à lui la chorale mystérieuse, où les chœurs graves masculins répondent au violon et à la voix féminine qui esquisse là aussi un thème d’une puissance intacte. Cette ambiance très sombre est maintenue sur Evil Doers : les cuivres montent progressivement sur un thème lancinant, bientôt soutenu par les cordes, pour finalement exploser avec l’orchestre sur un final terrifiant et implacable. Attention, thème du méchant très méchant donc. La palme revient à Kroenen’s Lied, morceau construit par Marco Beltrami autour d’un solo masculin dans l’esprit gothique. Le  soliste adopte un ton très slave de lamentation, soutenu par des violons larmoyants. Incontestablement, ces trois pistes se détachent par leur ton plus sinistre.

 


Mais revenons sur le thème d’Hellboy en particulier, qui est très présent sur les dernières pistes de l’album. On l’a déjà entendu revenir avec beaucoup de subtilités sur Rooftop Tango dans une danse endiablée. Là est toute la force du travail de Beltrami, il se renouvelle constamment sur l’approche de ses thèmes, il joue avec, et amuse autant qu’il surprend son auditeur de plus en plus attentif au fur et à mesure de l’écoute. Soul Sucker propose un thème Hellboy très posée, joué dans une progression dramatique. De fait, il renouvelle encore l’approche de son thème en le rendant plus sobre, plus larmoyant aussi, et surtout moins efficace car l’action ne fait pas tout.
En parlant d’efficacité, il me faut consacrer un passage tout spécial à Stand by your man, la piste la plus impressionnante de cet album. Beltrami a bien retenu la leçon de ses illustres prédécesseurs et donne à son thème un moment de gloire, une ultime explosion où l’orchestre se déchaine. Introduit par l’orgue et le chœur interprétant le motif de Snow Walkers, l’orchestre à l’unisson se lance dans un crescendo puissant et plein de maîtrise, digne héritier d’un finale Elfmanien. Tout simplement magnifique.

Voilà donc la clé de voute de la bande son d’Hellboy made in Beltrami : il a su mêler l’influence de ses aînés en matière de films de super-héros tout en conservant un côté cool, fun, qui propose des pistes très décalées ou volontairement plus pompière.


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