Lecture : Outremonde Univers 10

Voilà le dixième Outremonde qui a débarqué en ce mois de mars. Au programme : la synthèse de leur AT permanent sur le thème  Rencontres et Face à face. Une chanson me vient immédiatement à l'esprit quand je pense à ce thème, et c'est Danny Elfman qui en est l'auteur avec le groupe Siouxsie and the Banshees pour le Batman, le Défi de Tim Burton :

Mais revenons à nos moutons littéraires, puisque cet Univers 10 regroupe des textes de tous horizons, thème fourre-tout oblige. Le côté livre animé, si il parait faire gadget au début, se révèle très agréable à l'emploi et très proche d'un côté livre avec l'envie de tourner la page. Un vrai plus à la lecture.

- Le dernier songe de Vaux, texte de Didier Reboussin est une très intéressante mise en bouche dans son croisement entre la période Moderne et une touche de SF. La structure du texte ainsi que des phrases bien ciselées apportent un réel plus à une intrigue simple et efficace. Le style de Didier Reboussin m'a vraiment plu, au contraire de l'illustration d'Elie Darco. Si techniquement et visuellement, c'est parfait, ça me semble illustrer un peu platement la nouvelle, sans chercher à nous piquer ou à donner un regard sur le texte (à vrai dire, je pensais vraiment à la vue de de l'illustration à une histoire 100% maritime, ce que la nouvelle n'est définitivement pas).

 - Long Line of cars est une nouvelle signée Romuald Herbreteau qui me semble rentrer de manière très artificielle dans le thème (mais à la rigueur, ça ne relève pas de l'auteur). J'ai pas mal d'interrogations qui me sont venues sur ce que voulait faire l'auteur dans cette nouvelle : si il distille une ambiance lourde, on ne voit pas très bien où il veut en venir, qu'est-ce qu'il nous raconte exactement. C'est ce sentiment qui domine à la sortie du texte, malheureusement. Et puis pourquoi ce titre en anglais spécifiquement ? Dommage car ça démarre bien et l'illustration de Bluesnake a beaucoup de caractère. 

- J'ai tout de suite pensé à Georges R.R. Martin avec les "Autres" derrière un Mur dans Donnez-nous mille colombes, de Michaël Moslonka. Le découpage avec intitulé renforce cette impression, mais le ton diffère beaucoup. A tel point qu'on se laisse emporter par ce doux mouvement que crée le découpage et le rythme lancinant de l'ensemble. Et plus on avance dans la nouvelle, plus la curiosité monte, les sourires aussi parfois (toutes ces références à la sainte administration me semblent bien familières). La fin me laisse sur ma faim, mais le reste m'a beaucoup plu.

- Ambiance dérangeante pour Âme Stram Gram de Frédéric Czilinder. L'impression perdure, l'histoire s'éclaire et la construction de la nouvelle est tout à fait judicieuse car les flashbacks lèvent peu à peu le voile sans devenir trop envahissant. La chute vient conclure une très bonne nouvelle. J'ai par contre eu du mal à voir le lien avec l'illustration de Nathy...

- On se met directement dans l'ambiance de La monstruosité d'Hollister grâce à la superbe illustration de Stéphane Reynaud. Hommage à Robert E. Howard, la nouvelle traite d'une aventure de Solomon Kane. Le style est un peu vieillot, empesé, pour coller au style de l'auteur original. Ceci dit, c'est cohérent avec le peu de choses que j'ai lu d'Howard. Nouvelle habile et bien construite, je trouve juste que ça manque un peu de clarté dans l'action, rien de grave. Un bon texte pour terminer avec le "poor lonesome puritain".

Globalement une bonne lecture, rehaussée par l'excellente couverture signée Tony Patrick Szabo, que vous pouvez "ouvrir" à cette adresse.