samedi 11 mars 2023

[Ma BO cette semaine 6] Aliens de James Horner (1986)


 

Aliens est un symbole fort du début de la carrière de James Horner. A cette période, Il n'est pas encore le compositeur porté sur le romantisme et le photocopiage que l'on a connu par la suite. En 1986, il a seulement dix ans de carrière derrière lui, dont une grande majorité de projets de films fantastique/de science-fiction. Aliens est alors l'apogée de sa jeune carrière, lui valant sa première nomination pour les Oscars. Une distinction de rang pour une partition sombre, riche, et violente.
 

James Horner a déjà, à l'époque, un solide bagage sur la science-fiction. Et après avoir pris la suite de Jerry Goldsmith sur l'adaptation grand écran de la franchise Star Trek, le voilà à suivre à nouveau les traces du maître en s'occupant de la musique du deuxième opus de la saga horrifique Alien. Exit Ridley Scott, réalisateur du premier opus : James Cameron, remarqué deux ans plus tôt avec Terminator, se voit confier les reines de la saga. Il va livrer un film noir, violent.
Ce projet a bien failli sceller de manière prématurée la collaboration entre les deux hommes : la manière de monter de Cameron a altéré considérablement la partition originale de James Horner au point que seul la musique d'ouverture et le générique de fin sont les pistes telles que le compositeur les avaient enregistré. Et dieu sait que Horner y avait mis de l'engagement, tirant le meilleur du London Symphony Orchestra. Les deux hommes se sont alors brouillés dix ans, avant de se réconcilier pour le projet Titanic et la réussite que l'on connait.

Il faut établir un fait indéniable avant de parler du score de Aliens : tiré du film, une bonne partie de la musique est difficile d'accès, notamment parce qu'elle repose sur de longues périodes de silence et d'ambiance pur, entrecoupés de mouvements orchestraux très violent, basé sur des sons synthétiques et des bruits de frappement de cordes qui en feront sursauter plus d'un. Des pistes comme Sub-Level 3 ou Atmosphere Station illustrent parfaitement cet état de fait. Elles rajoutent toutefois à la tension de l'ensemble et fonctionne comme des moments de pause. Il ne faut pas pour autant se passer du reste de la musique, admirable.


Le Main Title débute avec un violon lancinant qui instaure directement l'ambiance de la BO. Puis les cordes, qui reviennent en écho, et intensifient le mystère. Il y a une montée en pression, puis une pause, mais les percussions maintiennent l'oppression sur l'auditeur. C'est alors que s'invite le thème principal joué par les cordes en solo. Thème assimilé au personnage principal de la saga : Ripley. S'en suit un emprunt au premier Alien de Jerry Goldsmith avec un motif en trompette évoquant l'espace et le mystère qui reviendra assez souvent dans le film. L'intégration au score de Horner est réussi.

Ce qui frappe énormément à l'écoute, ce sont les pistes d'actions très tendues que nous livre James Horner. Ici, point d'héroïsme et de grands thèmes glorificateurs. On joue tout sur l’agressivité et une pression constante qui fonctionne très bien dans le film. Après tout, Aliens fonctionne aussi car on ne s'y sent jamais en sécurité. La musique retranscrit bien cet état de fait.
La première piste répondant à cette description est Going after Newt. Elle débute sur les percussions et l'ensemble de l'orchestre reprend un motif menaçant qui devient un leitmotiv. Les cuivres et les percussions donnent un côté bien plus martiale et impressionnant à l'ensemble, alors que les percussions omniprésentes donnent énormément de rythme. Les cordes s'emballent et offrent un côté débandade jouissif. Une piste très tendue, qui se conclue sur une formidable montée finale de l'ensemble de l'orchestre.
Ripley's Rescue est portée par les cuivres et les cordes, et utilise un enchainement rapide de notes que ne renierais pas un Goldsmith par exemple. La piste accentue le chaos ambiant, avec des percussions militaires rappelant bien que nous voyons à l'image des marines. La dernière partie de la piste est une reprise énergique du thème de Ripley, aka main theme.

 

                                        

 

Le niveau va encore s'élever avec deux pistes majeures d'action. D'abord, Futile Escape introduit par des sons et bruitages accompagné d'un motif revenant constamment. Les violons s'invitent et continuent d'alourdir l'atmosphère. Puis tout d'un coup, ça s'emballe : percussions militaires, cordes qui développent le motif toujours plus présent. Le thème est déjà connu. Porté sur l'action, il est tiré de Star Trek II et s'intègre très bien. Contrairement à son habitude, Horner réutilise une création dans l'intérêt d'une seule piste, et pas sur la longueur. Ainsi, grâce à ce thème, il maintient une pression sur l'auditeur, toujours emporté par les cuivres qui l’interprètent. La piste explose dans une démesure musicale très efficace et intense.
Il faut aussi parler de ce qui est sans doute la piste la plus connue de Aliens : Bishop's Countdown. C'est une piste encore très tendue, avec les cordes en soutien des cuivres, qui offrent une piste d'action intense. En plus de la batterie militaire, orchestre monte en puissance tout au long du court morceau. Le rythme restitue parfaitement l'impression de compte à rebours, du temps qui fuit. La fin est toutefois plus tendre et calme. Dans le film, elle illustre le décollage de la station et l'expulsion de la Reine Mère. C'est une piste enlevée, souvent utilisée dans les bandes annonces.

Les derniers morceaux retrouvent l'ambiance du début du film. Dark Discovery revient à cette atmosphère mystérieuse, et évoque la découverte des œufs avec un motif planant qui accentue cette idée de mystère. Resolution & Hyperespace conclut l'album. L'orchestre est à l'unisson sur cette fin. Elle est bien moins oppressante que le reste, avec les violons moins agressifs, qui mettent en avant une certaine tendresse. Il est à noter que le début de la piste n'est pas utilisé pour le film. L'ultime reprise du Main Theme par les cordes, en solitaire, offre une fin tout en retenu , sombre, comme le reste de la partition.



Aliens est une pièce majeure du début de la carrière de James Horner. En plus d'être une belle réussite artistique, qui complète à merveille le film, Horner fait une première synthèse de son travail pour nous offrir une composition sombre, intense, et désespérée.


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