mercredi 10 octobre 2012

Lu : Spécial G.R.R. Martin (Bifrost, Armageddon Rag, Trône de Fer)



George Raymond Richard Martin est l'auteur à la mode du moment. La popularité croissante du Trône de Fer, saga de Fantasy de haut vol adaptée en série télévisée par HBO, y fait beaucoup. Cela nous a récemment permis de voir fleurir les parutions le concernant, dont un Bifrost dédié et le roman réédité Armageddon Rag.  

Bifrost 67 Spécial G.R.R. Martin




Bifrost ne nous apprend pas grand chose de nouveau sur Martin et son succès du moment, mais a le mérite de ne pas se limiter à une critique par le menu de sa saga phare. Deux grands plus à ce numéro : les nouvelles signées de l'auteur qui rappelle, en quelques signes, ses grandes qualités. D'abord son incroyable capacité à saisir la tourments de l'âme humaine. Ensuite un sens de la narration, de la progression, de la mise sous pression jusqu'au cliffhanger qui est imparable et offre un plaisir de lecture renouvelé à chaque fois. Ce n'est pas un hasard si chaque tome du Trône de Fer est rapidement dévoré par ses lecteurs : Martin sait créer l'attente, en joue, en abuse parfois, mais le résultat sait nous fait toucher toute une palette de sentiments avec brio. Il sait également créer des héros attachants par leurs failles et leur "humanité", leur désir de normalité, leur envie d'avancer. Retour aux sources et Le régime du singe sont deux exemples assez époustouflants de ce talent qui donne envie de lire plus de nouvelles de l'auteur et de se replonger dans son univers. A nouveau.  

L'occasion m'en a été donné dans l'autre publication dont je vais parler...

Pour le reste, on retrouve les qualités et les défauts de la revue. Mention "sacrément bien" à l'autre nouvelle de ce Bifrsot 67, signée Léo Henry.

Armageddon Rag 

  
Présentation de l'éditeur :

«Woodstock a été l'aube, Altamont le crépuscule, West Mesa la nuit cauchemardesque.»
Célèbre pour avoir été l'impresario d'un des plus grands groupes de rock des années soixante, les Nazgûl, Jamie Lynch est retrouvé assassiné : on l'a ligoté à son bureau et on lui a arraché le cœur. Un meurtre qui en fait remonter un autre à la surface : celui du chanteur du groupe, abattu en plein concert, en 1971, à West Mesa. Deux meurtres non élucidés distants d'une dizaine d'années.
Une énigme.
Parce que son quatrième roman s'obstine à ne pas dépasser la 37e page, parce qu'il a suivi l'affaire Charles Manson en tant que journaliste, parce qu'il est fasciné par l'histoire et la musique des Nazgûl, l'écrivain Sander Blair décide de mener sa propre enquête et d'en tirer un livre, son
De sang-froid.
Mais Sander va rapidement se rendre compte que, malgré les apparences, le meurtre de Jamie Lynch n'est pas une nouvelle affaire Sharon Tate. C'est bien plus compliqué. Et bien pire...

Thriller hanté par des visions d'apocalypse plongée dans l'Amérique de l'après-guerre du Viêt-nam sur laquelle plane le fantôme de l'âge d'or du rock,
Armageddon Rag est une des réussites majeures de George R.R. Martin... 


Martin nous plonge ici dans un passé que je connais peu, l'époque de l’Amérique  hyppie et l'après, le désenchantement qui en découle. Le tout à travers le prisme du rock. La grande force de ce roman est la nostalgie qui l'habite : l'auteur a vécu la période qu'il décrit et il a su en capter les tendances. Mais comme souvent avec lui, il sait mettre en avant les failles, les regrets, les remords comme peu d'auteurs peuvent le faire. Avant, bien entendu, d'aller de l'avant.
L'aspect thriller du roman est anecdotique et sert surtout de fil rouge au roman, plus qu'une trame structurée. De même, l'esprit surnaturel est vraiment présent mais n'est pas pour autant envahissant. Au final, Armageddon Rag parle surtout du héros Sandy, de sa vie, de l'avant, de l'après, et fait un point brillant sur cette génération anti-guerre du Vietnanm. Les visions qui le frappent régulièrement sont l'occasion, pour Martin, de décrire des rêves prenants, à la fois émouvants et terrifiants, qui résument bien les qualités de l'auteur dans un livre écrit dix ans avant le Trône du Fer. Il évite également tout manichéisme.
Une lecteur à tenter pour voir Martin dans une fibre plus proche du réel, plus touchante, plus rock - car il en est beaucoup question ici.

 Et le Trône de Fer...

 C'est par le Trône de Fer que j'ai découvert Martin. J'ai tout de suite été conquis par sa gestion d'une multiplicité de points de vue que j'aimerai reproduire, à moindre échelle, dans mes écrits. Ce n'est pas simple car la première chose à mettre en avant est d'individualiser chaque personnage. Il faut aussi travailler énormément le rythme, ce que même Martin ne tient pas sur la longueur (aaah, ces longs passages de Daenerys au milieu de nulle part...). Ceci dit, l'ampleur du récit du TdF est sans commune mesure avec ce que j'essaie de faire à mon modeste niveau.
Il a également un talent fou pour humaniser ses personnages qui sont tous non-manichéens, ont un but, un passé et le souhait d'un avenir. Ce travail, difficile pour chaque auteur (éviter les stéréotypes tout en y collant un petit peu est compliqué), reste un chantier ouvert de mon côté. L'immersion dans l'âme humaine est également très intéressante mais pas évidente à utiliser à mon niveau, n'étant pas un grand adepte des réflexions au long cours de mes personnages. 

En tout cas, Martin m'influence, c'est indéniable, par son style ou ses lubies. Il a des qualités que beaucoup aimeraient avoir tout en restant hyper accessible.

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