dimanche 14 février 2016

Il y avait un rêve qui s'appelait Rome

*Ce premier article porte sur les liens entre la Rome historique et le roman à venir*

La Rome antique est autant un fantasme qu'une réalité indiscutable.
La cité a été le centre d'un empire mais a aussi nourri une impressionnante production culturelle par la suite. Cette production a figé dans le temps l'image d'Epinal de la cité, sa représentation dans un imaginaire commun qui continue à s'alimenter régulièrement. Il n'y a donc rien d'étonnant à y situer l'action d'un manuscrit, surtout que la production littéraire (en polar notamment, mais même en SFFF) actuelle ne se prive pas de l'utiliser pour cadre. Mais ce qui m'intéresse dans Rome, c'est l'idéal qu'elle a pu représenter et que je vais tenter d'évoquer dans le roman à venir.




Rome, idéal républicain ou idéal patriotique ?
Le prisme culturel à travers lequel nous voyons la cité romaine vient tout droit de notre éducation. Aux athéniens revient la création de la démocratie - argumentaire discutable et péremptoire, aux romains la fondation de la République avec ce grand R. Cette simplification a été crée par l'école de la République Française qui souhaitait inscrire son héritage dans le temps long et montrer que ce régime était plus ancien que la royauté.
Mais ce n'est pas tant la République, son fonctionnement qui m'intéresse mais sa façon d'imposer un idéal patriotique, où Rome avait une place centrale. L'héroïsme civique, l'histoire entremêlée des grandes familles et de la cité sont des sources bien ancrées de l'Histoire de Rome, inculquée aux enfants dès le début de leur apprentissage
La famille et Rome sont donc au centre de la culture d'un romain. J'ai cherché à illustrer ce que Horace mettait en lumière en écrivant Dulce et decorum est pro patria mori (Il est doux et glorieux de mourir pour sa patrie). Mon personnage principal, Quintus Lucretius Ofella, est un père de famille, un soldat, un sénateur, un membre de la nobilitas. Tout cela va l'obliger à faire face à ses principes dans une époque troublée par la montée des oppositions sur la politique à mener au sein de Rome et l'émergence de plusieurs imperatores, ces grands généraux avides de pouvoir qui vont peu à peu accélérer la marche de la République vers l'Empire.

Rome, idéal de vie ?
Quand on dit Rome et que l'on ferme les yeux, on pense temples, palais, Colisée. De nombreux projets scientifiques ont cherché à rendre la Rome de l'Antiquité plus palpable, sortie des sources, des cartes et des gravures. Le plus impressionnant est sans doute Rome Reborn, reconstitution 3D de la construction de Rome sur le temps long. L'Université de Caen a également apporté beaucoup de détails en vue d'une telle reconstitution.
Rendre une ville symbolique comme Rome vivante est impératif dans un récit historico-fantasy. Il est notoirement avéré que la ville empestait au temps de la République, exemple régulièrement repris en littérature afin de rendre la cité plus vivante, plus réelle. De mon côté, j'ai essayé de faire revivre des lieux moins fréquentés. Ofella va visiter le Palatin, les maisons des plus grands hommes politiques de ce temps, le Forum avec ses prisons et ses rostres, le Sénat, le temple de la Liberté sur l'Aventin et bien sûr la roche tarpéienne.
Il visitera aussi l'Italie proche, des cités comme Capoue ou Préneste, que vous pouvez retrouver sur cette carte très détaillée de l'Italie antique.




Rome, idéal religieux ? 
La religion était au cœur de la vie du citoyen romain. Il existait certes les temples des divinités du Panthéon, mais aussi toute une religion domestique qui rythmait la vie des citoyens.J'entends aborder les deux aspects.

D'abord parlons des divinités tutélaires du Panthéon. Lorsque s'avance le récit, le lecteur découvrira peu à peu le principe d'assimilation cher à la religion romaine. A l'origine, l'objectif était de capturer le protecteur divin d'une cité adverse, afin de s'en faire un allié dans une guerre. Par la suite, la démarche a été plus loin : le Panthéon a incarné une vision transverse des dieux dans le bassin méditerranéen.
Prenons Venus par exemple : la déesse de l'amour, de la séduction et de la beauté s'est peu à peu rapprochée de sa cousine grecque, Aphrodite, déesse de l'amour et de la sexualité. Ensemble, ils ont peu à peu formé une seule déesse dont le culte était rendu d'Espagne à la Perse. Peu importe le nom qui lui était donné, sa mission devenait unique et servait à unifier toutes les pratiques des peuples sous l'autorité de Rome qui pratiquait alors une forme d'acculturation. Politique et religion avaient alors un lien prégnant, l'un aidant l'autre à asseoir son contrôle en douceur et sans violence.

Ensuite, la religion domestique et plus particulièrement le culte rendu aux ancêtres. Très présent dans les foyers, le culte aux ancêtres avait une réelle importance politique pour les vieilles familles aristocratiques qui mettaient en avant leur nom, les actes décisifs de leurs aînés et pouvaient se parer ainsi d'une grandeur historique et sociale.
Quintus Lucretius Ofella appartient à la gens Lucretia aux multiples branches. J'ai donc choisi de construire ce personnage en rapport avec ses ancêtres, sa famille, alors qu'il est dans une situation intenable car l'on vient d'assassiner les siens. Le but était d'imaginer combien ce choc a profondément pesé son son aventure et l'a engagé sur des chemins tortueux.

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