Après une période chaotique est sorti le 5e Mots et Légendes intitulé Révolution. Le contenu a été un peu chamboulé après le retrait de deux nouvelles d'Anthony Boulanger qui allaient paraître en version papier dans son Ecosystématique de la fin de monde (Voir son blog) mais enfin, il arrive :
Bon, là, premier réflexe, c'est de voir combien la superbe couverture de Yogh flatte la rétine. C'est beau et détaillé, et donne immédiatement un ton sombre et profond à ce cinquième opus. De quoi mettre la pression sur les illustrateurs de chaque nouvelle mais, nous le verrons, les autres grands noms tiennent la comparaison.
Les rois nous saoulaient de fumée de Gabriel Féraud profite d'un superbe travail d'illustration (qui a dit comme toujours ?) d'Yvan Villeneuve. La nouvelle, humoristique, fonctionne bien même si l'idée de départ me semble plus forte que sa concrétisation, en particulier du côté de la chute, attendue. Pour une mise en bouche, c'est intéressant et le style suit. Surtout, le thème me semble traité de manière assez original vu que le début du texte laisse penser qu'on se dirige vers tout autre chose. Je dois dire que j'ai trouvé l'image de cette armée bloquée devant la porte hilarante, et la réaction du Seigneur dans la même veine.
Changement de ton sur le prix des machinations. L'illustration crayonnée de Virginie Jaydem est sombre comme l'introduction de la nouvelle signée Guillaume Dalaudier. Style fluide, l'auteur développe un personnage jeune qui veut rentrer dans le monde adulte trop vite. Quelque chose m'a tout de même fait tiquer : généralement l'ainé d'une famille royale est constamment associé au pouvoir car il est destiné, un jour, à régner à son tour. Ici, pour une simple marque, l'ainé est complètement laissé de côté, raillé, humilié, ce qui doit toucher au plus profond l'image et l'honneur de la famille. Aussi, le postulat de départ ne me semble pas fonctionner idéalement, ne pas se justifier, au point que j'ai attendu tout au long de la lecture qu'on m'apporte une réponse. Du coup le texte se construit sur un équilibre précaire mais fonctionne grâce à une progression bien menée et une conclusion ouverte qui marque le début d'une belle aventure et la prise de maturité du personnage principal.
Bashak signe un texte étrange et prenant avec Hors les murs : étrange car basé exclusivement sur la parole, le verbe, ce qui est assez rare quand on centre un texte sur les nains. Le texte est toutefois prenant par ses discours parfaitement menés et la construction par allers-retours. Le tout fonctionne très bien. Une bonne nouvelle, accompagnée d'une excellente illustration de Gwenran (ma préférée sur ce numéro 5).
Dans Les prix de la trahison, David Osmay développe un univers post-apo proche de celui de Richard Matheson dans Je suis une légende. Belle ambiance, belle progression aussi pour la nouvelle la plus rythmée, comme je les aime, de ce numéro.Si un détail m'a fait tiquer (la précision sur la Tour Eiffel construite pour célébrer le centenaire de la Révolution, alors qu'elle a plutôt été construite au cours de l'exposition universelle qui célébrait le centenaire, mais bon, je chipote) et qu'on peut regretter de ne pas avoir capitaliser sur la personnalité du vampire et son passé humain, le tout se tient franchement bien. Didier Normand soutient largement la comparaison avec ses petits camarades illustrateurs.
Le niveau est homogène pour ce cinquième opus, qui contrairement aux deux précédents numéros ne repose pas sur un ou deux textes très forts. De plus, il donne un point de vue assez surprenant sur la "Révolution" : elle vient essentiellement de la parole, de l'échange, des discussions comme préalable à tout bouleversement. C'est une surprise de voir que les quatre textes vont plus ou moins dans ce même sens, alors qu'il y a a priori de nombreuses façons d'aborder le thème. Vous pouvez télécharger ce numéro à cette adresse.
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